[21] hiver 2016-2017
Les enfants d’Aziz Nesin
[21] pages 3-12

Libre-penseur, un des écrivains les plus populaires de Turquie a laissé en héritage, à Istanbul, une fondation pour les enfants défavorisés qui stimule la curiosité et l’esprit critique plutôt que la croyance, l’autonomie plutôt que l’obéissance. Et aussi, dans l’ouest de l’Anatolie, un Village des mathématiques où les étudiants sont encouragés par les meilleurs professeurs. Aux dernières nouvelles, la Fondation Nesin parvient à continuer son travail dans une Turquie corsetée.
Clément Girardot, Fatih Pinar
Le cirque de la mémoire
[21] pages 14-15

Je m’étais promis de venir un jour au Cambodge voir debout ceux que j’avais vus en 1986 exilés, atterrés. Tenter de comprendre comment les habitants de ce pays continuent de vivre, après le génocide. Ce projet était ambitieux. On ne survit pas à un tel hoquet de l’histoire, on s’en accommode, tout au plus. Le travail d’apprivoisement du cauchemar et d’érosion de la mémoire est lent et douloureux et dans ce cheminement l’art est un compagnon qui aide à côtoyer les fantômes. Le projet culturel et pédagogique de Phare Ponleu Selpak en témoigne.
Marguerite Contat
Les ceps
[21] pages 16-17

On avait l’habitude que ça souffle; que l’océan vienne aux narines. Le vent arrivait du sud-ouest, il se bandait au-dessus du littoral, puis fendait sur les terres vallonnées sans perdre de sa force. Il creusait le paysage. Il scandait son refrain. Il déportait les hirondelles, les palombes, les buses. Il déposait sans répit cette humidité saline qui colle aux cheveux et fendille les commissures.
Jérôme Stettler, Anne-Sophie Subilia
Lectures
[21] pages 18-19

Jérôme Stettler
C’est quelque chose
[21] page 22

La maison n’est ni vraiment belle ni franchement laide. Une construction des années soixante, un toit à deux pans en tuiles rouges, des murs crépis en blanc, une baie vitrée donnant sur une pelouse fraîchement tondue, des volets en bois qui ont dû être vert sapin dans une autre vie. On dirait une maison comme on en ­dessine quand on est petit, au moment où on n’arrive pas encore à faire des châteaux forts avec des ponts-levis et des mâchicoulis, mais où on commence à être fatigué des gratte-ciels qu’il faut remplir avec des tonnes de minuscules carrés pour représenter les fenêtres.
> C’est quelque chose (Éditions d’autre part)
Fabienne Radi
Une grande journée d’un mois
[21] pages 23-35

En août 2016, trois plasticiens et un cinéaste romands inaugurent la résidence d’artistes proposée par l’association Marémotrice. Sur le Knut, un voilier de 15 mètres de long, ils naviguent dans l’archipel norvégien du Svalbard. «Liberté, Illusion, Sillage, Sara, Polargirl, Drumbeat, Pacific Princess, Aurora Explorer, Nordstjernen…, note Alexia Turlin, autant de noms de bateaux que nous croisons parmi les icebergs. Cette grande journée d’un mois est une parenthèse dans notre vie. À moins que ce ne soit la vraie vie.»
Gwennaël Bolomey, David Brülhart, Anaëlle Clot, Alexia Turlin
Le réel décalé
[21] pages 38-39

Martin Kollar ne dit rien, il montre tout. Son dispositif met en réseau les éléments hétérogènes d’un univers parfaitement réaliste, qu’il façonne en des mystères contemporains. Malaises roboratifs et sollicitations ludiques pour regardeur interloqué.
Jean Perret
Victory Park
[21] page 41

Dans le parc la nuit tombait vite et il commençait à faire frais ; une brume légère, presque im­perceptible, monta du lac. Cela sentait l’automne, quelque chose de froid et d’inquiétant, et Pelikan eut soudain conscience que depuis le matin il s’attendait à de gigantesques emmerdements, mais sans savoir lesquels, ni pourquoi. Il fut pris de tremblements, c’était peut-être le froid, ou la tension, mais à ce moment, sortant du brouillard, faisant craquer les branches mortes sous ses chaussures, Baguila déboula sur la clairière éclairée. Et le malaise de Pelikan se dissipa. (…)
> Victory Park (Noir sur Blanc)
Alexeï Nikitine
Deux Gothard au lieu d’un
[21] pages 42-43

En marge de la mise en service du nouveau tunnel du Gothard, la Cinémathèque suisse présente deux films qu’elle a restaurés. Ils racontent l’histoire du percement du premier tunnel et ont fait l’objet d’une aventure archivistique plutôt surprenante.
Frédéric Maire
 
Chronique
Jean-Louis Boissier, Karelle Ménine, Aude Seigne
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