[56] automne 2025
 
Journal d’automne
[56] page 5
Friedrich Dürrenmatt, Hend Jouda
 
Flou de mer
[56] pages 7-9

Des années franquistes à aujourd’hui, l’Espagne a attiré un tourisme de plus en plus massif qui a participé à sa transformation. Comment le pays se vend-il et se regarde-t-il lui-même? Comment l’appréhender, lorsqu’il ne s’agit pas seulement d’une destination de vacances, mais du lieu où est née votre mère?
Isabelle Cornaz
 
Les arbres ici parlent aussi l’arabe
[56] page 10

Je regrettais les longues nuits d’hiver où nous rendions visite à mes grands-parents. La nuit, nous campions autour du feu que mon grand-père avait préparé à l’extérieur puis transporté à l’intérieur. Ma grand-mère, toujours bien habillée, était la seule à la peau claire dans la famille. Elle était plutôt petite, un peu enveloppée et avait des tatouages sur les deux mains. On en voyait bien les motifs quand elle apportait le plateau avec le thé et les gâteaux. (…)

> Les arbres ici parlent aussi l’arabe (éditions La Veilleuse}
Usama Al Shahmani
 
Marcher ensemble
[56] pages 11-17

Camminare insieme. Tel est le thème de la 8e édition du festival Alt+1000 qui, à travers les projets de 18 photographes de Suisse et d’ailleurs, propose une réflexion sur le paysage, la façon dont nous l’habitons, le traversons.
Máté Bartha, Paul Gaffney, Khashayar Javanmardi
 
Genève-Bamako: on s’écrit!
[56] pages 18-23

Depuis 2021, écrivains et artistes d’Afrique francophone et de Suisse romande correspondent puis se rencontrent sous l’égide de GenevAfrica et de Laboratorio arts contemporains. Entre 2024 et 2025, pour la 4e édition, l’accent a été mis sur le Mali, pays en pleine mutation. Les échanges développés depuis une année donnent lieu à un livre qui sera publié en novembre et présenté à Genève dans le cadre du festival consacré à ce projet. Catherine Lovey et Alioune Ifra Ndiaye sont l’un des deux duos formés pour l’occasion. La Couleur des jours publie des extraits de leur correspondance.
Catherine Lovey, Alioune Ifra Ndiaye
 
Le Valais, chambre d’écho pour les arts du son
[56] pages 25-29

Les sons s’écoutent, mais aussi se regardent, se mangent, se marchent, se dansent, s’imaginent… C’est cette variété d’expériences que permet le deuxième millésime de la Biennale Son. Peut-être les cascades alpines amplifieront-elles les craquements de plus en plus inaudibles des aurores boréales du Grand Nord, que fanfares valaisannes et rituel choral polynésien se feront écho, ou qu’on vivra avec autant de plénitude le silence d’un lieu, une réinterprétation de Schumann ou une longue nuit de musiques électroniques.
Élisabeth Chardon
 
Vider les mots
[56] page 30

Empty Words, œuvre du compositeur nord-américain John Cage, fut écrite entre 1973 et 1975. Elle paraît pour la première fois en 1979 dans le recueil éponyme Empty Words: Writings ’73-’78. Elle est à la fois texte et partition. Sa réalisation, pour voix seule, dure environ douze heures, commencée à la tombée de la nuit, achevée lorsque l’aube paraît.
Vincent Barras
 
Bruit, musique, parole et silence, des manières de questionner le son
[56] pages 31-32

Invité – il se demande encore pourquoi – à concevoir une soirée pour la deuxième édition de la Biennale Son en Valais, Bernard Blistène suggère ici quelques pistes incongrues et sonores, cela va sans dire. Extraits de notes pour que, selon l’adage Fluxus, «le son entre en action(s)».
Bernard Blistène
 
Exposer le son, un défi
[56] pages 34-35

À Genève, Arta Sperto organise depuis 2020 deux biennales en alternance, Dance First Think Later et KorSonoR, qui explorent les terrains poreux entre arts visuels, vivants et sonores. En 2025, la deuxième édition de l’exposition-festival KorSonoR, dédiée aux arts sonores dans un sens large, se déploie dans la ville en complicité avec une quinzaine de partenaires. La programmation propose une trentaine de performances, une soirée cinéma, quatre résidences, des rencontres et une exposition répartie en deux lieux.
Olivier Kaeser
 
μ
[56] pages 36-37

Marina Rosenfeld filme à l’échelle microscopique la surface d’un dub plate, disque en acétate destiné à servir de moule pour presser les vinyles. Intitulée d’après le coefficient mathématique de frottement ou de contact, l’installation μ est présentée sur deux écrans dans des juxtapositions sonores et visuelles en constante évolution. Elle met en scène la rencontre entre une sorte de stylet et un paysage fascinant et mystérieux.
Marina Rosenfeld
 
Vibrato
[56] page 38

Ils se rendent dans le Maine pour ­chiner chez les antiquaires. Le trajet prend une heure et demie et, durant la brève traversée du New Hampshire, elle le relaie au volant. L’idée, c’est d’écumer les boutiques d’un petit segment du sud du Maine, jusqu’à Kennebunk. Ils se sont réservé tout l’après-midi. Dans un immense magasin de York, il contemple une carte de l’Amérique du Nord dessinée au dix-neuvième siècle par un enfant. Aux abords d’Ogunquit, des pancartes dressées sur les pelouses proclament «Blue Lives Matter» en soutien à la police, avant de laisser la place, en ville, à des drapeaux arc-en-ciel. Enfin ils atteignent Wells, où ils dénichent une grande boutique installée dans un bâtiment qui pourrait bien être une ancienne grange. (…)

> Vibrato (éditions Zoé)
Teju Cole
 
Tolstoï et la mort
[56] page 39

À l’école, pendant les pauses entre mes cours, je me cachais avec un livre dans le vestiaire de la bibliothèque, derrière les manteaux, pour échapper à mon tourmenteur des grandes classes. Il avait les oreilles décollées, le visage criblé de boutons hideux, et ses camarades de classe le harcelaient, l’attrapant dans les coins et lui giflant les oreilles. Il parvenait à leur échapper pendant les récréations, découvrait ma cachette, et chaque fois – flap! – frappait mon oreille. Je me souviens d’avoir lu un livre sur les bouffons du Moyen Âge qui se moquaient du roi-tyran, lui posant des questions pièges et le tournant en ridicule. Un jour, j’ai décidé de donner une leçon à mon ennemi et je lui ai préparé une vraie question piège, mais je n’ai pas eu le temps de la poser: sa main s’est abattue sur mon oreille. (…)

> Le bateau de marbre blanc (éditions Noir sur Blanc)
Mikhaïl Chichkine
 
L’Asie en contrastes
[56] pages 40-41

Les Dodo sont trois, le père Shunji, et les deux fils, Arata et Takeshi. Deux photographes de cette petite dynastie d’Osaka sont accueillis ici. Dans Life Eternal, Takeshi Dodo, né en 1977, déploie l’univers d’un village japonais de moins de 2000 habitants menacé de disparition nonobstant la beauté du lieu, sa culture, ses traditions, son âme. Le père, Shunji Dodo, né en 1947, fait dans A City Aglow le récit de Bangkok et de ses plus de 10 millions d’habitants en incessantes activités. Deux visions longuement élaborées pour cerner la pulsion de vies marquées, ici par une forêt de plus de 500 ans, là par une civilisation en croissance exponentielle.
Jean Perret
 
Filmer un monde urbain en mutation
[56] pages 42-43

C’est l’ambition de la Fondation Plaza que d’allier cinéma et architecture, à la suite de Marc J. Saugey dans sa conception du bâtiment en 1952. Le projet de cinéma temporaire prévu en septembre au Pavillon Sicli est sans doute modeste mais il articule particulièrement bien cette intention.
Aldo Bearzotto, Hervé Bougon
 
La mécanique des ailes
[56] pages 44-45

Un matin d’août, j’étais dans le jardin de notre demeure d’été, entre plantes et ciel. L’odeur de blé fichée dans les narines, les bras déployés, je tournais en rond, le nez en l’air, si vite que j’avais l’impression que ma tête s’était détachée de mon corps. Encore un peu, et mes jambes continueraient à courir toutes seules, comme celles des poulets que le cuisinier décapitait sur le billot derrière la maison. Soudain, une ombre prolongea la mienne sur les herbes jaunies. La silhouette de mon père dérobait le ciel et les rapaces qui tentaient de le remplir. (…)

> La mécanique des ailes (éditions Hélice-Hélas)
Chloé Falcy
 
Joseph
[56] pages 46-47

> Joseph (éditions Antipodes)
Marion Canevascini
 
Chronique
Jean-Louis Boissier, Maud Mabillard
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